samedi, décembre 23, 2006

LA RECONSTITUTION MEDIEVALE EN ALLEMAGNE

Autour du feu, au milieu des tentes de lin huilé, une dizaine d’ombres discutent armement tandis que les autres se sont déjà endormis sur leurs paillasses. Andréas expose sa cotte de maille, les commentaires élogieux ou critiques font bientôt place aux considérations théoriques : que vaut ce réseau d’anneaux contre un carreau d’arbalète ? bien peu de chose en fait. Alors pourquoi s’en encombrer ? Et contre les bouches à feu ? pas plus. Il reste bien l’épée, mais à ce prix là, autant préférer une bonne cuirasse. De tout façon, seule la Grâce de Dieu nous protégera de la mort… nous voici embarqués dans de la théologie d’après festin, accompagnée d’un petit hypocras de derrière les fagots elle aide à digérer la poularde farcie et les beignets. Bon, tout le monde paraît loquace et avant que la conversation ne dérive sur l’horreur de la guerre moderne, les armes de destruction massive comme cela à l’air bien parti, je me lance : Pourquoi avez-vous choisi de revivre le quotidien du quatorzième siècle ? Qu’est-ce qui vous attire particulièrement dans cette période ? Voilà un sujet plus enthousiasmant et chacun évoque son expérience personnelle.
Vêtue d’une cotte de lin blanc et d’une robe de laine bleu foncé, les cheveux nattés sous ma coiffe, je suis dans le sud de l’Allemagne, entourée d’un informaticien, une chimiste, un archéologue, un couple de professeurs (histoire et littérature), une étudiante. Un regard étranger pourtant s’y tromperait s’il se concentrait sur notre petit groupe et se croirait plongé en plein Moyen Age : à part la langue, qui reste de l’Allemand moderne, tentes, couches, habits, armes, charrettes, nourriture, vaisselles, mobilier, tout est de l’authentique quatorzième, fait à la main selon les techniques de l’époque. C’est cette façon vivante de présenter l’Histoire que j’ai choisi de découvrir en Allemagne, avec différents groupes de reconstitution allant de la fin du treizième au début du quinzième siècle, les gens qui la pratiquent, leur passion, les raisons de cet engouement, mais surtout les artisanats, les techniques qu’ils redécouvrent.

Petite terminologie

Il sera question ici de fêtes médiévales, marchés médiévaux, reconstitutions historiques etc… il convient donc, avant de détailler, de définir en gros ce que j’entends par chacun de ces termes pour éviter les connotations plus ou moins fâcheuses.
La fête médiévale prend souvent place dans une citadelle, un village fortifié ou tout autre site ayant un riche patrimoine médiéval, elles sont parfois également organisées par des musées comme on les verra plus tard. Le mot de fête doit évoquer l’ambiance joyeuse, le caractère exceptionnel, l’animation, mais non le divertissement facile et grand guignolesque, en effet, les fêtes dont on parlera ici sont organisées dans le plus grand souci de l’authenticité historique.
La reconstitution historique est précisément cette recherche d’exactitude dans la représentation d’une période donnée, elle ne s’exerce que dans le cadre de fêtes, d’évènements particuliers, mais hélas tout ce qui se dit fête médiévale n’atteint pas forcément le niveau d’une reconstitution historique. Pour la désigner, les Anglais parlèrent les premiers de Living History, en Français, le concept d’ Histoire Vivante est en plein essor.
Comment maintenant désigner les gens qui pratiquent ce qu’eux même appellent un hobby : reconstructeurs ? Ca fait un peu maçon, acteurs ? trop théâtral, alors optons pour médiévistes, même si le terme est littéralement réservé aux historiens du Moyen Age, on verra en effet qu’il s’agit bien de recherche historique à la fois théorique et pratique. Ces gens, selon leurs propres titres, se regroupent en compagnies, associations, host ou troupes lorsqu’il s’agit de reconstitution militaire, on peut aussi parler de groupes médiévistes.
A tous ces termes l’on ôtera la connotation théâtrale ou saltimbanque, on gardera l’image de groupement de personnes partageant un même intérêt pour une époque donnée et s’attachant à la faire connaître en représentant son quotidien. De même lorsque l’on parle de scène médiévale pour évoquer les milieu, le réseau formé par les médiévistes européens.
Enfin, l’ennemi juré de tout médiéviste allemand : le marché médiéval, ou Mittelaltermarkt, où le Moyen Age est réduit à sa valeur marchande, lieu de propagation de tous les clichés, annexe des studios hollywoodiens. Pour faciliter les choses, ce que l’on nomme marché médiéval en France n’a rien à voir avec cela, au contraire, souvent organisés par l’Association pour l’Histoire Vivante, ils permettent aux compagnies de faire leurs emplettes en fournitures authentiques et ne regroupent que des artisans ou commerçants, sans sacrifier aux pseudo troubadours et autres amuseurs publiques, cependant, on ne peut jamais y éviter le stand de bibelots celtico néopagano médiéval-fantastiques aux inénarrables dragons ventrus en étain, et elfettes mutines.

La reconstitution historique

Le concept

La reconstitution historique est depuis longtemps connue en France à travers les bals ou dîners du dix-sept ou dix-huitième siècle donnés dans les châteaux comme Vaux le Vicomte où le public était invité à se costumer, se poudrer, pour participer à une fête digne des splendeurs de la monarchie absolue. Elle existe cependant comme démarche historique, supposant des recherches approfondies sur une époque, une civilisation donnée. Il s’agit alors de reproduire le quotidien d’une certaine catégorie d’hommes choisie avec précision, avec le plus de rigueur possible. Cela nécessite non seulement une recherche de documentation, mais alors que l’historien publie le résultat de cette recherche sous la forme d’un livre, la reconstitution effectue le passage de la théorie au pratique. Ce mouvement trouve ses origines dés la fin du dix-neuvième siècle, en Suède, avec la volonté de préserver un village comme représentant de la culture pré industrielle et des traditions populaires, puis dans les années 1920 aux Etats-Unis, dans un but principalement éducatif, comme une nouvelle manière d’appréhender l’Histoire
Les associations sont au maximum composées d’une trentaine de membres, représentant lors de manifestations une unité sociale particulière. Les vêtements, les objets utilisés, le mobilier, la cuisine, s’ils ne sont pas des originaux (chose difficile jusqu’aux guerres napoléoniennes à cause de la rareté et de la préciosité de telles pièces) sont reproduits idéalement d’après des objets (ou des recettes) authentiques, avec les techniques connues à l’époque. On peut représenter tous les peuples, toutes les époques : les reconstitutions de villages antiques en Egypte sont bien connues, de même que les batailles napoléoniennes qui restent très populaires. J’ai ainsi entendu parler de reconstitutions de villages indiens, de légions romaines, de samouraïs, bien sûr de tout le Moyen Age, depuis les invasions barbares jusqu’au début de la Renaissance. En Allemagne, les lansquenets connaissent un franc succès, en France, on est longtemps resté attaché à Louis XIV ou au siècle des lumières. Les premières et seconde guerres mondiales sont aussi largement représentées.
La particularité de ces manifestations est leur durée, de deux à dix jours, qui permet de se plonger entièrement dans un passé que l’on découvre « de l’intérieur » dans la mesure du possible, avec le manque de confort quotidien et de moyens qui obligent l’individu à s’adapter à une situation qui lui est étrangère, à réinvestir des gestes ancestraux tels que l’épouillage ou chasse à l’hypothétique perce oreille sournoisement passé de la paille à ma chemise pendant la nuit.

Les spécialités nationales

Les plus grands adeptes de la reconstitution historique sont sûrement les Américains pour les guerres indiennes, la guerre de Sécession, les deux guerres mondiales, et, en ce qui concerne l’Histoire européenne et en particulier le Moyen Age, les Anglais. C’est en effet en Angleterre qu’ont eu lieu les premiers tournois purement authentiques, d’une grande violence. C’est également l’Angleterre qui organise les plus grandes manifestations multi-périodes, véritables voyages dans le temps pour le visiteur, s’achevant parfois comme il m’a été raconté, lorsque le dernier jour, les spectateurs ont quitté le camp, par une grande bataille générale où il est du plus grand comique de voir les Vikings piquer une bicyclette aux résistants pour fuir l’assaut de la cavalerie napoléonienne, dans un décalage très anglo-saxon.
L’Allemagne, la Belgique, la Suisse ont rapidement suivi la tendance et la fascination pour le Moyen Age, à tel point que la compagnie de quinziémistes la plus sérieuse et la plus réputée est actuellement localisée en Suisse : La Compagnie de Saint Georges, comptant des membres de toutes nationalités, d’Angleterre jusqu’en Italie. Les différents groupes sont en effet liés par leur passion commune à travers toute l’Europe, développant des échanges et des rencontres internationales. Etonnement, il semble que la France soit restée jusqu’à présent un peu en dehors de ce réseau. Les pays slaves sont également grandement représentés sur la scène médiévale, surtout en ce qui concerne l’artisanat traditionnel et l’on pourrait ainsi établir une micro économie de la reconstitution médiévale, avec le lin de Pologne et les forges de République Tchèque.
L’on peut se demander à quoi est du ce retard de la France, à une vision plus idéalisée, fantaisiste de l’Histoire, un manque de rigueur ? Les troupes allemandes ayant parmi les groupes français la réputation d’une austère rigidité quant à l’authenticité de la reconstitution. Quoi qu’il en soit, les associations « sérieuses » fleurissent en France depuis quelques années, surtout dans la période du quinzième qui, tout en restant dans le Moyen Age, bénéficie de sources plus nombreuses.

Les limites de la reconstitution

Un débat qui nous agita un soir fut de savoir si l’on pouvait tout reconstituer. A propos de la seconde guerre mondiale en particulier : certains évènements ne sont-ils pas trop proches, certaines blessures trop récentes pour que l’on se permette de les raviver, de prendre du plaisir à les rejouer ? La question s’est posée à propos de deux évènements : l’un au cours d’une manifestation multi-périodes en Angleterre où pour le gala final on donna une grande salve d’artillerie, dont des bombes utilisées lors des deux dernières guerres mondiales. Le groupe de médiévistes allemands n’y ayant perçu aucune discourtoisie s’étonna de la soudaine gêne de ses hôtes Anglais : la bombe qui venait de sauter était du modèle de celles qui avaient détruit Dresde. Par chance, aucun Allemand présent n’avait perdu de parent sous les bombardements, mais le cas échéant, l’indélicatesse aurait frisé l’incident diplomatique. D’autre part, la représentation d’escadrons SS avec insignes, uniformes et saluts assortis est sujette à caution.
Certains prônent ces représentations comme une approche historique objective, permettant une distanciation. Ils n’y voient non pas un jeu pour l’ « acteur » mais une instruction pédagogique. D’autres jugent malsaine la frontière ténue entre objectivité et adhésion : comment justifier un uniforme nazi dans la penderie ? N’y a-t-il pas risque de se complaire dans ce rôle ? La reconstitution doit-elle donc être vue comme un jeu de rôles ? une représentation quasi théâtrale ? ou au contraire un enseignement pédagogique pour le public ?
Certains groupes représentent des personnages particuliers, ayant une réalité historique. Leurs détracteurs affirment qu’étant impossible de connaître précisément la psychologie, l’aspect physique de ces personnages, aucune interprétation ne peut se targuer d’authenticité. C’est pourquoi beaucoup préfèrent représenter un paysan, bourgeois, guerrier type, tel qu’il devait en exister par milliers à une époque donnée, tout en les dotant d’un caractère propre. Ils jouent alors également un rôle et leurs relations internes restent prioritaires sur le rapport au public. Bien qu’ils donnent volontiers diverses explications techniques ou historiques, leurs recherches ont plus un but personnel. D’autres enfin ont pour but d’introduire un public dans la vie quotidienne d’une telle époque, de partager des connaissances historiques. Ils sont alors comme des professeurs, des documentaires ou des livres en plus vivant et concret et restent dans la représentation extérieure.

La reconstitution médiévale

Une grande connaissance historique

Les groupes médiévistes que j’ai rencontrés se caractérisent tous par leur grande rigueur historique. Bien que n’étant pas pour la plupart historiens de formation, la simple participation au plus humble degré (la mienne par exemple, en tant qu’invitée) implique au moins une recherche du costume d’époque : toute personne paraissant un minimum sérieuse et intéressée peut se joindre au groupe à condition que son aspect extérieur soit irréprochable. On n’a pas immédiatement besoin de cuillères, couteaux, gamelle de bois, gobelet, aumônières brodées ou ceintures travaillées, mais la cotte et le surcot doivent correspondre à la mode d’une période très précise, parfois à l’année prés. Ainsi la plupart des groupes précisent la date dans leur nom même : Marca Brandeburgensis Anno Domini 1260, Mercator 1290, Historia Vivens 1300, Circa 1310 (où le nom n’est même plus qu’une date, précédée d’un humble « environ »), 1474 Nürnberger Aufgebot, Anno 1476 Städtisches Aufgebot. Ces bornes temporelles définissent un contexte historique, des modes, des techniques connues ou ignorées. Chaque pièce de l’équipement doit être rigoureusement historique ou bien l’on s’en passera, ainsi, lors de la dernière manifestation en Autriche avec le groupe IG Wolf, n’ayant pas les chaussures convenables pour une serve de la fin du douzième siècle, j’ai passé les trois jours pieds nus, ce qui n’en était que plus authentique (à la fin, la crasse était, elle aussi, très authentique).
La reconstitution médiévale aborde l’Histoire sous un jour complémentaire du regard de l’historien : alors que celui-ci étudie une question précise au cours d’un temps plus ou moins long, les groupes de reconstitution s’intéressent à tous les aspects de la vie quotidienne à une date donnée, du soldat au paysan, de la teinte des étoffes à la préparation des repas, de la sculpture de l’os au travail du cuir.
Cette connaissance de l’Histoire reste rarement une satisfaction personnelle mais s’adresse le plus souvent à un public. En effet, à la fondation d’un groupe, il y a toujours le désir de partager des connaissances, une passion, d’abord entre les membres, puis, lors des manifestations, avec les visiteurs, pour lutter contre les clichés faux véhiculés à la fois par une vague d’intérêt superficiel pour le Moyen Age et un oubli presque complet dans l’enseignement scolaire. En Allemagne comme en France, le programme scolaire à la prétention de traiter de quelques mille ans d’Histoire en une année, autant que pour les deux siècles séparant 1610 et 1815. La vision de l’Histoire est ainsi faussée, idéalisant l’époque moderne, les acquis sociaux de la révolution puis du dix-neuvième siècle qui, comme on le verra, étaient déjà présents au Moyen Age. Aussi, malgré l’ignorance crasse que montraient les photos que j’envoyais pour me présenter, les groupes qui m’accueillirent ne m’en tinrent pas rigueur et jugèrent plutôt l’intérêt porté à leur activité, il est en effet quasi impossible au vulgaire d’éviter certains pièges et idées toutes faites sur le Moyen Age, c’est précisément ce rôle d’enseignement post scolaire que jouent les groupes au prés du public.

Etre « Au » ou ne pas être

Dans cette optique, le travail d’un groupe se centre de façon souvent caricaturale autour de l’AUTHENTICITE historique. Il s’agit de LA préoccupation prioritaire de tout médiéviste, résumée dans le label « A » ou « Au » selon les groupes, qui vient qualifier les possessions « présentables ». Devant un campement, un plat, un meuble, un vêtement, l’on se demandera tout d’abord « Ist es wirklich Au ? » si la réponse diffère d’un catégorique « Ja », l’objet en question sera banni de toute manifestation. Etre A, donc, ou ne pas être, telle est la rigueur qui fait la qualité d’un groupe.
Etre A ne signifie pas être un original du Moyen Age, sinon les effets de chaque compagnie seraient considérablement réduits, mais être en tout point semblable à ce qu’aurait pu voire un homme du treizième ou du quinzième siècle. Le groupe IG Wolf faisant son marché dans une brocante est particulièrement caractéristique de cette recherche : de nombreux objets furent retenus, haches, paniers, poinçons, brouettes… datant pour les plus anciens du début du siècle, cependant les traditions et les savoirs ayant peu évolué dans les campagnes du quatorzième au dix-neuvième siècle, ces outils étaient en tous points semblables à leurs ancêtres médiévaux.
Pour ce qui est du costume, le premier stade (le mien) consiste à posséder des vêtements dont la coupe, la matière et les couleurs correspondent à la réalité médiévale : une chemise de lin blanc, une cotte de laine bleu foncé, brune, verte ou rouge, une coiffe pour les femmes mariées, chaussures de cuir faites main ou sabots, ceinture, aumônière… , un niveau d’authenticité plus avancé, celui de la plupart des personnes que je rencontrai, exige que les coutures soient faites à la main, avec du fil de lin ou de soie, et non du synthétique, un troisième degrés est celui des étoffes teintes au moyen de plantes, voire tissées d’après des techniques médiévales, c’est le cas notamment au musée archéologique de Düppel, où la plus modeste chemise de serve est une véritable pièce de musée.
Le but de chaque groupe est l’auto suffisance, donc la représentation du plus grand nombre d’artisanats possible. Plus l’effectif est réduit, plus les membres doivent maîtriser de techniques. La plupart du temps, au sein d’un groupe, on trouve au minimum un membre s’occupant du travail du cuir (ceintures, chaussures, porte couteaux, fourreaux divers, bourses, sacs), un du bois, un de la forge, un de la cuisine, un de l’enluminure et autres arts du livre, la plupart cousent, de nombreuses femmes brodent et il n’est pas rare qu’une même personne cultive trois arts.

Les limites de l’authenticité

La vie doit être reproduite dans tous ses aspects, du lever au coucher, en passant par le sommeil sur un matelas de paille. Cela pose bien évidemment nombre de problèmes. Il ne faut tout d’abord pas perdre de vue que tout essai de reconstitution est par essence même un anachronisme, comme le rappellent avec humilité les meilleurs groupes : il est impossible de recréer le passé, le comportement d’un homme moderne, qui sait qu’au bout des deux jours de vie « médiévale », une bonne douche chaude l’attend dans son trois pièces citadin, sera toujours fondamentalement différent de celui d’un homme du Moyen Age. On ne peut que prétendre à une approche relative d’une vérité historique qui nous échappe même dans son aspect théorique. La crainte de l’anachronisme est elle-même une faute, en effet, quelle troupe de soldats, quelle compagnie marchande ne serait équipée que d’accessoires, d’outils à la dernière mode ? Le paysan du quatorzième siècle, moins soucieux d’authenticité que le médiéviste du vingt-et-unième, coupait peut-être sa viande avec le couteau de son grand-père, de la fin du treizième siècle, peut-être trouvait-on sur la table d’une famille bourgeoise de la vaisselle ancienne, du douzième siècle, comme nous possédons des meubles ou objets du dix-huitième siècle.
La nourriture est un premier sujet de débats : rares sont les groupes qui présentent une alimentation « quotidienne », celle des paysans, à base de légumes, céréales, pois. Seule l’équipe de Düppel ne consomme que les fruits de leur travail de la terre, et celle d’Historia Vivens, qui se contente d’un ordinaire assez humble. La plupart des groupes profitent des manifestations pour tester des recherches culinaires faites parmi les recettes médiévales. Or ces recettes sont bien souvent destinées à des repas de fêtes, à l’occasion d’évènements extra-ordinaires. Ainsi, en voulant présenter une cuisine « typiquement médiévale » avec ses épices, ses plats de viande, sa richesse, beaucoup de groupes s’écartent d’une reproduction de la « vie quotidienne ».
D’autre part, dans le respect de cette « banalité » du quotidien, la musique et la danse ne sont peu ou pas représentées. Au cours de la dernière manifestation de mon voyage, à Puchberg, Historia Vivens avait convié une harpiste et un sonneur de cornemuse pour fêter le jubilé du château qu’ils restaurent, cependant, personne n’improvisa de danse, farandole ou autre alors que ces joyeuses rondes sont monnaie courante en France et dans les manifestations de moindre qualité historique. Interrogeant les participant à ce sujet, beaucoup déplorèrent ce désintérêt pour la danse et la musique, évoquèrent le manque de sources. Je pense également qu’il est plus difficile de s’improviser musicien qu’artisan, la musique nécessitant peut-être une plus grande sensibilité, qui fait la différence entre l’art et l’artisanat. Le groupe IG Wolf fait exception à la règle, ayant été fondé par la rencontre d’un groupe de guerriers et un autre de musiciennes et s’étant réuni en un ensemble de musique médiévale. Je n’ai cependant pas eu l’occasion de les entendre. Une seule femme que je rencontrai lors de mon séjour cultivait le chant a capella, rythmant la journée des psaumes de son livre d’heures. Il n’est pourtant pas bien difficile d’entonner une chanson de taverne ou d’étudiant dont la tradition nous est restée, notamment par les recueils de carmina burana. Je n’ai pas trouvé de réponse satisfaisante justifiant la négligence de cet aspect de la vie quotidienne, dans un pays qui pourtant attache une grande importance à la musique et au chant dans l’éducation des enfants.
L’authenticité cependant a ses limites, que chacun trouve individuellement. La reconstitution doit rester un hobby, une étude rationnelle. Ainsi le problème se pose quant aux lunettes : certains se résignent à voir trouble, d’autres adoptent leurs ancêtres médiévales, en y adaptant des vers modernes, d’autres encore assument la modernité de leurs lentilles. De même, beaucoup dissimulent un sac de couchage isotherme dernier cri entre la paillasse et les peaux de bête. Tout est question de juste mesure, entre le laisser aller (cigarette, portables, semelles en caoutchouc, canettes de bière visibles) des Mittelaltermärkte et le fanatisme de l’authenticité, en particulier dans les domaines hygiénique et médical. Pour les groupes sérieux et équilibré, la première tendance est source d’indignation, la seconde de rire. Ainsi, le geste d’un médiéviste qui brûla solennellement toutes ses cuillères en bois qui ne correspondaient pas strictement au modèle souhaité est-il impitoyablement ridiculisé en dénonçant le gaspillage au nom d’une pureté illusoire.
En effet, si en France, de nombreuses troupes me prévinrent contre la rigidité, voir l’austérité des compagnies allemandes, je pus vérifier sur le terrain que la passion pour l’exactitude historique n’exclue pas l’humour. Les veillées tardives sont le lieu d’imitations, de blagues, de moqueries, j’y ai vu pour la première fois quelqu’un se trouver mal de rire. Bien sûr, les discussions au sein de l’équipe ne sont pas des reproductions de discours médiévaux, l’on assume sa modernité dans le parler en dénonçant le ridicule de ceux qui jouent une comédie bouffonne en affectant un langage courtois ou trivial à coups de « gentes dames », « belle amie » ou « par la malepeste ». Une soirée entière fut monopolisée par le nouveau volume d’ Harry Potter, tous les membres de étant des fans invétérés de JK Rowling et s’étant donné des noms de personnages, d’autrefois, ce furent des délires rôlistes, des tirades d’Astérix, mais le plus grand succès est toujours détenu par les Mittelaltermärkte.
Ces fameux « marchés médiévaux », qui fleurissent un peu partout en Allemagne sous l’effet de la vague d’intérêt pour le Moyen Age, sont les adversaires des médiévistes. Organisés à des fins commerciales, ils présentent du Moyen Age ce que l’acheteur potentiel veut en voir, véhiculent les clichés les plus grossiers et osent revendiquer une certaine authenticité. C’est là que l’on peut acheter des couteaux vikings et des cornes à boire, « reproduction d’originaux du Moyen Age », où l’on croise au grés des stands (proposant parfois des frites et du café !) des émules de Conan le Barbare ou de Xéna la Guerrière, dans un décor de studio hollywoodien de série Z. Ainsi, le plus gros du travail du médiéviste allemand au prés de l’opinion publique consiste à rétablir la vérité historique après le passage des marchés médiévaux, en présentant une approche suffisamment ludique et vivante pour attirer les visiteurs autant que les divertissements en costumes de théâtres avec 70% de chevaliers, 20 % de sorcières et 10% de bouffons.
A propos de commercialisation, les groupes de reconstitution ne vendent rien, ils présentent des techniques, les apprennent ou font participer les visiteurs, parfois offrent leurs réalisations si le courant passe particulièrement bien mais refusent catégoriquement de recevoir de l’argent. Il en est de même au sein du milieu médiéviste, les échanges se font le plus souvent par troc.

Une journée type sur un campement médiéval

La compagnie se lève à son rythme, quand le soleil perce le lin huilé de la tente, ou bien au son de tambours si les chefs de troupe se sont réveillés avant tout le monde. Les préposés à la cuisine font cuire le petit déjeuner tandis que chacun s’habille, se rafraîchit dans les seaux d’eau que quelqu’un est allé remplir soit au robinet du campement, soit directement dans les toilettes modernes, en camouflant brosse à dents et dentifrice dans un linge. Au début, les femmes sont « en cheveux », puis elles s’aident les unes les autres à ajuster leurs coiffes.
Le petit déjeuner se compose souvent de mil bouilli dans du lait et gonflé, ou de riz au lait auquel on ajoute pruneaux, raisins de Corinthe et miel. Il est souvent accompagné de compotes, pain (parfois fait par le groupe, mais cela reste rare), charcuterie, fruits frais ou secs (abricots, dates, figues étaient des importations d’Orient). Toutes ces denrées sont conservées dans la « tente de cuisine » qui sert d’entrepôt à toutes les affaires modernes et reste fermée durant toute la manifestation. Certains « aliments interdits » circulent aussi sous le manteau, dissimulés par les gobelets de terre : café, sodas pour les plus accros. Les parents ne refusent pas à leurs enfants leurs habitudes alimentaire, si celles si sont trop modernes, ils vont déjeuner dans les tentes.
Chaque repas se prend dans les assiettes individuelles en bois, chacun possède la sienne, marqué de son signe, de même que son gobelet, sa cuillère, son couteau. Les couverts sont rangés le jour dans les sacs de cuir ou aumônières (où l’on peut également dissimuler appareils photo, portables, cigarettes et tout ce qui ne doit pas se voir), les assiettes et gobelets dans la tente. Le petit déjeuner et la veillée du soir sont les moments où, en l’absence de visiteurs, on peut prendre furtivement quelques photos, noter des renseignements sur un petit carnet etc… Après le repas, chacun lave sa vaisselle ou quelqu’un est préposé à la tâche. La vaisselle se fait la plupart du temps à l’eau froide, avec des brosses fabriquées artisanalement et des morceaux de lin. On glisse parfois en douce un petit peu de liquide vaisselle dans l’eau pour faciliter les choses, mais les précieuses céramiques, reproductions de pièces de musée ou de découvertes archéologiques, supportent mieux l’eau pure et le lavage « authentique ».
Les premiers visiteurs arrivent et chacun présente son artisanat, enseigne le public et travail pour le groupe : l’un fait un fourreau pour la dague de l’autre qui détaille l’armement d’un chevalier, en présentant la cotte de maille qu’il a lui-même travaillé. Un autre taille une cuillère de bois, si le lieu dispose d’une forge, le forgeron du groupe peut aiguiser une lame tandis qu’un autre façonne le manche. Une fois dans la matinée, une autre dans l’après midi, une présentation de l’artillerie se ferme par une salve retentissante si la troupe possède canons ou bouches à feu.
La préparation du repas est une tâche qui ne laisse pas un instant de répit à la cuisinière et à ses aides (tant hommes que femmes). Il y a toujours de légumes à éplucher, une volaille à farcir, un pain à cuir. Ces repas, dîner et déjeuner qui souvent est plus léger ou pris froid, se composent souvent de pots au feu à base d’haricots blancs, pois, auxquels on ajoute des carottes, parfois morceaux de viande, des poireaux, des bettes, de poêlées de légumes et champignons aux herbes et épices. Fruits et viandes sont souvent mélangés dans les farces qui garnissent des chaussons à la pâte croustillante. Fruits frais ou enrobés de pâte, crêpes ou galettes sont les desserts les plus populaires. Les repas s’accompagnent de bière (versée dans des cruches dans la tente de cuisine), d’hypocras ou d’hydromel faits par un membre du groupe. L’idéal étant de pouvoir constituer un repas à partir d’aliments entièrement auto produits, de la farine aux légumes en passant par le miel. Cela n’est guère possible qu’à Düppel, mais de nombreux groupes y travaillent. A Düppel, le groupe des jeunes membres n’avait pour bien qu’une jarre pour quatre, quelques gobelets et cuillères, pas d’assiettes : nous nous servîmes d’authentiques tranchoirs ou mangèrent tous quatre à même la jarre.
Dans l’après midi, certains se reposent sous les tentes, sur les paillasses recouvertes de couvertures de laine et fourrures. L’ameublement d’une tente se compose de quelques coffres, travaillés à la main, reproductions d’anciens, dans lesquels disparaissent les sacs, vêtements, livres et autres affaires modernes, d’un ou deux tabourets. Les piquets sont pourvus de branches pour y accrocher des vêtements ou sacs, une lanterne ou une lampe à graisse est déposée prés de la couche. En général, il n’y a pas de tapis de sol, on dort à même l’herbe, ce qui présente quelques menus inconvénients par temps pluvieux pour ceux qui ne sont pas foncièrement limaçophiles. Les nobles ont souvent un vrai lit, en bois, ainsi que tapis et coussins, mais la composition sociale étant respectée, il y a au maximum un couple seigneurial par troupe, parfois il n’y en a pas.
D’autres artisanats sont présentés : la broderie d’aumônières, de tapis, le tissage sur métier ou à l’aide de planchettes carrées de bois, réalisant ceintures et galons, l’enluminure, le cardage puis le filage de la laine. Au cours de la manifestation à Puchberg, le groupe IG Wolf avait lavé des toisons fraîchement prélevées dans un grand baquet, tandis que David Seidlitz de Familia Ministerialis, le seul teinturier que j’aie rencontré, colorait les étoffes des différents groupes à l’aide de racines, de marrons, d’oignons (qui produit un beau jaune d’or), de plantes (pour le bleu clair, le vert). Certains tressent des lacets ou des cordes, d’autres s’exercent à l’arc, au combat.
Quand le soir vient et que les visiteurs repartent, on dresse les tables pour le dîner qui se prolonge après la vaisselle par des discussions autour des lampes à la graisse ou parfois de jeux comme avec Anno 1476 Städtisches Aufgebot qui avaient reconstitué un jeu de cartes médiéval. Si plusieurs groupes sont présents, les plats tournent et chacun goûte de tous, de même que les « artisans » travaillent les uns pour les autres entre groupes. Enfin, on étouffe le feu et l’on rentre se coucher sous la tente, la lanterne à la main.

L’actualité du Moyen Age

Un nouvel engouement

Au dix-neuvième siècle, le romantisme, las du modèle antique, redécouvrit le Moyen Age. Si cette sortie de l’oubli eut des conséquences positives quant à la connaissance historique de l’époque médiévale, notamment grâce au travail d’historiens et architectes tels que Violet Le Duc ou Mocker dont l’œuvre est déconsidérée de nos jours, elle fit également rentrer le Moyen Age dans l’imaginaire collectif paré d’un attirail de clichés tels que la chasse aux sorcières, la peste noire, les torture ou au contraire la fine amour de la poésie courtoise. Ainsi jusqu’à nos jours, le Moyen Age a servi de vaste et confus débarras historique, représentant l’ancien monde, l’ancien régime, cristallisant toutes les coutumes révolues ou oubliées. De même que l’Orient fascine ou se laisse aisément mettre en scène car on peut y projeter nos visions les plus fantaisistes, le Moyen Age offre une sorte d’exotisme temporel, ce qui sans doute l’a rendu si populaire. Le Moyen Age est par excellence le monde des rois, des princesses et des chevaliers, des enchanteurs et de la magie, de ce qui n’existe plus, qui est lointain, autre, étranger.
Cette image du Moyen Age, véhiculée par les fêtes médiévales de peu de qualité et surtout les « marchés médiévaux » oscille entre deux extrêmes, l’ombre et la lumière. L’on évoque parfois la sorcellerie comme proprement médiévale, on y attache la torture, les léproseries, le fanatisme religieux, la violence barbare, la misère du peuple, éléments certes véridiques, en faisant fi de la finesse des enluminures, de la virtuosité de l’art qui n’avait rien de figé ou hiératique, mais dépendait de l’artiste et de la région (on trouve à une même époque, de surprenants écarts de finesse, de style), des connaissances de la science, des prouesses techniques, voulant faire passer le Moyen Age dans ses mille ans d’étendue pour un temps de brutes épaisses et malpropres. Au contraire, une trop grande idéalisation de la chevalerie, de la courtoisie, des guerriers aux montures caparaçonnées, aux heaumes brillants de mille feux est aussi éloignée de la réalité, si tant est qu’on puisse sûrement définir une réalité. Les spectacles de chevaliers, les mises en scène de tournois lors des « marchés médiévaux » confondent au plaisir vérité historique et épopée fantastique.
Un exemple du juste milieu à trouver entre ces deux visions est la place des femmes, ni dévotes enfermées dans l’obscurité d’un gynécée, esprits faibles soumis au clergé et à la brutalité d’un mari bestial, ni amazones cuirassées et court vêtues se ruant sur les champs de bataille en criant yahaaa et brandissant une masse d’armes. J’appris au cours de mon voyage que de nombreuses femmes, et pas seulement de mauvaise vie, suivaient les armées. Cantinières, artilleuses chargées de l’entretien des canons, elles ne couraient certes pas en première ligne, mais leur présence même sur le champ de bataille implique une aptitude au combat. Sans l’idéaliser ni l’amoindrir, le bon sens permet peut être de s’approcher d’une certaine vérité : ces canonnières allaient elles laisser l’ennemi s’emparer tranquillement de leurs pièces s’il faisait une percée ? Il est plus juste de croire que le cas échéant, elles auraient défendu leur position avec n’importe quelle arme qui leur tombait sous la main, reprenant après le combat leurs travaux féminins. Ce travail de réhabilitation dans l’opinion publique est le fait des reconstructeurs qui effectuent leurs recherches avec une connaissance d’historien et un bon sens humain.
D’autres visions séduisantes du Moyen Age qui sont pour beaucoup dans le regain d’intérêt actuel sont les courants gothique et médiéval-fantastique. Le premier, digne héritier du romantisme sombre du dix-neuvième et des auteurs anglo-saxons, recherche dans le Moyen Age ses superstitions, ses croyances obscures, poursuit toutes traces de sorcellerie, ayant tendance à rejeter tout le folklore vampiro lycanthropique dans un vague Moyen Age rural. La vérité historique importe peu, le fantasme à la part belle. Ainsi, une des majeures composantes de la clientèle des « marchés médiévaux » est-elle des hordes de gothiques dans leurs noirs atours dont les jabots et dentelles dix-huitième ne semblent choquer personne. Cette tendance récente s’exprime par une branche musicale particulière, très répandue en Allemagne, de groupes médiévaux ayant viré gothique, ou de groupes de métal usant de cornemuses et autres sonorités médiévales. Le Moyen Age qu’ils présentent sur scène est complètement fantaisiste, plutôt d’inspiration barbare, mais s’assume le plus souvent comme tel. Le plus ancien de ces groupes est Corvus Corax, fondé dés la chute du mur mais commençant seulement à se faire connaître en France, on peut aussi citer Faun, In Extremo ou Saltatio Mortis dont les noms sont déjà tout un programme. D’autres groupes ont choisi l’authenticité, séparant médiéval de gothique comme les chanteurs d’Estampie, ou les membres d’IG Wolf, appartenant pour beaucoup au monde gothique mais ayant préféré fonder deux groupes distincts, exceller dans deux milieu distinct plutôt que de rester dans la confusion des genres. Cette correspondance, rarement du meilleur goût, entre les milieux gothique et médiéviste s’exprime particulièrement dans le journal Karfunkel. Cette parution hebdomadaire se caractérise par son éclectisme et rassemble assez bien tous les courants se mêlant lors de ces fêtes médiévales : on y trouve certains articles de fond, historiquement intéressants, noyés sous une foule de publicités pour des costumiers de carnaval, des manifestation néo-païennes etc… Le néo paganisme, lié au mouvement gothique, l’est également au médiéval fantastique. Les rôlistes, initiés par l’œuvre de Tolkien, sont souvent amenés par les sagas épiques et fantastiques à s’intéresser au Moyen Age historique. En témoignent les dragons que l’on voit un peu partout dans les marchés médiévaux, en passe de devenir l’allégorie du Moyen Age tel qu’il attire la population actuelle.

Le Moyen Age face aux problèmes de la société moderne

Lors des manifestations et au cours de ses recherches personnelles, le médiéviste est confronté à un mode de vie étranger à la société moderne. Outre l’intérêt historique, la reconstitution médiévale peut correspondre pour certains à une aspiration inscrite dans l’actualité. Faire le pain soi-même, se soigner par les plantes, ces thèmes connaissent un grand succès alors que le règne du consumérisme outrancier, de l’assistance mécanique, de la normalisation industrielle se fait de plus en plus lourdement sentir. La reconstitution médiévale peut ainsi se rapprocher de la mode actuelle du « retour aux sources » dont sont témoins les nombreux ouvrages de recettes ou remèdes de grands-mères et les magasins bio. Le Moyen Age est, par définition, « bio ». Dans l’idéal d’auto suffisance, on retrouve un désir d’harmonie avec la nature, de symbiose : dans l’animal ou la plante, rien n’est perdu, tout peut servir à quelque chose. La reconstitution historique se marie donc parfaitement avec le soucis écologique typiquement allemand (mais qui devrait devenir universel !) : l’herboristerie entraîne une plus grande attention aux plantes, de même que la teinture ou l’enluminure à base de pigments naturels. Certes ce mode de vie ne peut convenir à une société moderne, mais la simple connaissance des techniques artisanales sensibilise l’homme au respect de la nature. Seule la métallurgie échappe à ce processus d’exploitation respectueuse des ressources naturelles, mais il s’agit encore plus d’écologie puisque le forgeron recycle un vieux ressort de mécanique en une lame ouvragée. Une telle transformation est symboliquement très forte.
Cette étude des modes de vie médiévaux, le plus souvent ruraux, se rapproche également du régionalisme. Elle amène à redécouvrir les traditions de son pays, de son terroir, renforce l’identité régionale. C’est dans ce but qu’ont lieu la plupart des fêtes médiévales : remettre en valeur le patrimoine, rural ou non, que la proximité géographique fait souvent mépriser, faire aimer ses racines à la population à travers les coutumes, les légendes conservées par les ancêtres. Il est ainsi émouvant d’observer le rapprochement des générations au cours des recherches des reconstructeurs. Dans les villages, les techniques artisanales n’ont guère évolué de puis le Moyen Age (ma propre mère se souvient des moissons à la main dans sa jeunesse en Aveyron, lorsque tous s’arrêtaient pieusement pour écouter sonner l’angélus) et les plus vieux les maîtrisent encore, ne demandant qu’à les transmettre. La plupart des artisans que j’ai rencontrés sur les camps médiévaux sont allés recueillir avec respect et humilité la tradition à sa source. Les grands, et souvent arrières grands parents sont réinvestit dans leur rôle de transmission, alors que certains avaient cru voir cette chaîne rompue par l’ère industrielle et le traumatisme des deux guerre. De même, le monde rural, la paysannerie est remise en valeur dans ce qu’elle à de plus beau. Pour les reconstructeurs, le travail de la terre devient un art. Claus et Steffi Winhard, propriétaires fonciers et médiévistes passionnés, ont ainsi le projet de cultiver leurs terres à la manière médiévale, à l’aide de chevaux de labour, et d’utiliser le blé à leur nourriture personnelle, le lin pour le textile, de même qu’ils ont déjà planté un potager se basant sur le Capitulare de Vilis de Charlemagne.
Le travail lui-même est revalorisé, en ce qu’il n’est plus « alimentaire » soumis à la règle du profit, mais plaisir. Plaisir de travailler le bois, le cuir, dans le seul but de créer, plaisir de l’œuvre accomplie, du travail bien fait, gratuit. La relation au temps, et au rendement, est radicalement différente dans le hobby médiéviste : on ne recherche pas la rapidité, la jouissance immédiate, mais la qualité, l’authenticité. C’est un peu ce rapport à l’œuvre que l’on trouve dans le compagnonnage, aux antipodes des valeurs marchandes actuelles. La reconstitution peut ainsi modifier le regard de l’individu sur la société dans laquelle il vit, influencer sa relation au travail, au temps.
J’avais été dans un premier temps tentée de rapprocher la vie sur un camp médiéval d’une sorte d’avatar du mouvement hippie, avec ces veillées autour du feu, ces enfants aux cheveux longs s’ébattant dans la nature, l’auto suffisance, l’alliance respectueuse avec la nature. Il est vrai qu’on y trouve parfois une semblable critique de la société industrielle, que l’aspect communautaire, familial (certains groupes ont des membres allant de trois à soixante-dix ans) est assez intéressant et pourrait être lu comme une réponse à l’angoisse actuelle de l’isolement, notamment chez les personnes âgées. Il arrive parfois que les deux se côtoient lors des mêmes manifestations, rarement les plus authentiques d’ailleurs : j’ai par deux fois fait connaissance avec des communautés douteuses, entre hippies et secte protestante, vendant leur jus de pomme tiré d’un pressoir artisanal et leurs pancakes bio sur des « fêtes médiévales ». Cependant les membres des groupes médiévistes sont résolument bourgeois, tirant certes sur le bohême, parfaitement adaptés et intégrés dans leur société, ne faisant pas usage de leurs savoirs ancestraux dans la vie quotidienne. Ces connaissances peuvent éclairer leurs rapports à notre société d’un jour critique, proposer un contre poids sain, mais la balance reste stable entre les deux modes de vie. L’on pourrait dire que la société médiévale est un garde fou, un assainisseur de la folie moderne.
Le Moyen Age offre également une idée intéressante de l’Europe. Il met en avant une identité, des valeurs européennes : d’Angleterre en Italie, on retrouve les mêmes courants artistiques et spirituels, de la Pologne à la France, les mêmes épopées ont fait le plaisir des cours. Le calendrier des groupes a étonnamment atteint une certaine authenticité, je pense involontaire : un week-end en Bavière, le suivant en Autriche, le prochain en Rhénanie, quelques mois plus tard, c’est l’Angleterre, la Suisse ou l’Italie. Ils retrouvent ainsi les itinéraires réels de compagnies marchandes, des mercenaires ou des seigneurs qu’ils prétendent reconstituer. En effet, les échanges entre royaumes, les réunions « internationales » de maîtres artisans lors de foires ou de concours à dimension européenne, la circulation des œuvres poétiques par les troubadours faisaient le quotidien du Moyen Age. Une partie de la population, tout ce qui n’était pas paysan, était bien plus mobile (sans pour autant parler de « nomadisme » actuel) qu’elle ne l’est devenue plus tard. L’ameublement en est le meilleur exemple : coffres aisément transportables, effets démontables ou pliables. Les échanges entre villes, bibliothèques, abbayes, l’utilisation d’un « parler commun » (évoqué dans Tolkien !) avec la Limba Franca, globish médiéval, les organisations en super états ne datent donc pas d’hier. Au cours de mon voyage, je rencontrai parmi les troupes des Slaves, des Anglais, des Italiens, des Belges, des Autrichiens, des Suisses, moi-même représentant la France. Tous avaient les mêmes références médiévales et en particulier grâce aux chemins de Saint Jacques, je n’évoquais pas l’Aveyron, Conques et Aubrac, à de parfaits ignorants ce qui est souvent le cas en France, dans les milieux non médiévistes. Cependant, si les références et une certaine identité sont communes, chaque troupe se distinguait par son costume et ses effets, propres non seulement à leur pays mais encore à leur région : les médiévistes de Berlin ne boivent pas dans les mêmes gobelets que ceux de Francfort !

Les associations

Les associations ou groupes de reconstitution médiévale peuvent avoir un nombre de membres très varié. Ce sont parfois des associations d’une vingtaine de passionnés, parfois un groupe d’une petite dizaine d’amis, parfois une petite famille ou un couple indépendant. Les groupes cultivent des amitiés entre eux, ainsi Circa 1310, couple de quinquagénaires exposant le quotidien de marchands rhénans, sont-ils très lié à Tempora Nostra, groupe de sept personnes représentant la suite d’une noble dame du début du quatorzième siècle.
De manière générale, tous les médiévistes et groupes sérieux s’intéressant à la fin du treizième, début quatorzième siècle se connaissent et se rencontrent souvent lors de manifestations communes. Ils forment ainsi un milieu particulier, entretenu en majeure partie grâce à internet, aux liens reliant leurs sites respectifs et au chat et forum du site Tempus Vivit. Ce réseau dépasse les bornes historiques précédemment citées, tous les groupes de qualité de diverses périodes se connaissent les uns les autres et se recommandent au prés des internautes. De même, des amitiés se nouent lors de manifestations multi-périodes et certains pratiquent la reconstitution de plusieurs époques. Un cas particulier est celui de Christian Follini de la Compagnie de Saint Georges, qu’il ne m’a jamais été donné de rencontrer bien qu’il me conseillât via internet, mais dont j’ai entendu parler par plusieurs amis : il représente, avec une authenticité de premier ordre, plusieurs époques médiévales, les guerres napoléoniennes et la seconde guerre mondiale (je crains d’en oublier, notamment dans l’antiquité, mais la performance est déjà admirable) au sein de divers groupes. Ses connaissances et sa passion doivent être colossales. Plus modestement, Sascha et Carsten de Tempora Nostra s’intéressent aussi à la préhistoire, tandis que Kai Vahnenbruck d’Anno 1476 endosse parfois l’uniforme napoléonien. Ainsi, tous ceux que l’Histoire passionne et qui veulent l’aborder de façon originale se connaissent à l’échelle européenne. Lorsque j’arrivai à Berlin, au milieu de mon séjour, Joachim Meinicke de Marca Brandeburgensis connaissait déjà mon projet de longue date et me dit que j’avais eu beaucoup de chance de m’adresser dés le début aux groupes authentiques et sérieux car il était aisé de tirer le fil d’Ariane à partir d’une compagnie. J’avais donc tout intérêt à faire bonne impression car ma réputation se faisait sur internet après chaque week-end…

Il est donc clair que les membres des groupes médiévistes ne sont en rien des inadaptés à la société moderne, regrettant un Moyen Age idéal en un nouveau romantisme. Au contraire, c’est en les fréquentant que je progressai dans ma lamentable connaissance d’internet : tous sont équipés chez eux des ordinateurs du dernier cri, un bon nombre sont informaticiens ou brillants programmateurs, d’autres managers. Le groupe IG Wolf, Tempora Nostra et bien d’autres ont l’iconoclaste tradition de s’arrêter en équipe chez Mac Donald ou Burger King en se rendant sur les lieux des fêtes médiévales. On ne peut pas dresser de portrait social du reconstructeur type, au contraire, tous les milieux (ou presque) sont mêlés, ce qui est peut être la seule caractérisation possible. Le passage du costume médiéval au civil est d’ailleurs toujours surprenant, la coiffe et la cotte de laine étant devenu une sorte d’uniforme, masquant les différences de goût, réunissant tous au sein d’une même passion pour le Moyen Age.

Plusieurs voies conduisent à la reconstitution médiévale. Certains la découvrent par intérêt historique, archéologues ou historiens, ils se penchent sur une façon complémentaire d’appréhender l’Histoire, ainsi Rainer Kasties, archéologue hanovrien, fait-il partie de Nürnberger Aufgebot. Les avis des scientifiques sur la reconstitution historique sont partagés. Beaucoup ne considèrent encore la connaissance que sous son aspect livresque et théorique, refusant le sérieux à tout ce qui n’est pas écrit, n’émane pas de professeurs émérites. Cependant l’archéologie expérimentale telle qu’elle se pratique à Düppel et que la représentent plus partiellement les associations de reconstitution est de plus en plus reconnue dans le monde scientifique. Les reconstructeurs soumettent les théories des archéologues à l’épreuve du réel, du pratique, les validant ou les réfutant. De plus en plus, les musées font appel à de semblables groupes pour présenter leurs créations au public. Cette démarche s’inscrit dans le même cadre que les musées vivants, souvent consacrés à l’artisanat, où le public peut manipuler les objets. Ce sont donc les archéologues plus que les historiens que la reconstitution touche de prés et pour lesquels elle peut devenir un outil de travail.
Cependant, dans la plupart des cas, l’intérêt scientifique pour l’Histoire s’est développé après l’entrée dans une association de reconstruction, mais n’en est pas moins pointu. Andréas Bischler est ainsi l’auteur de nombreuses publications sur la construction, l’artillerie, le costume au quatorzième siècle, fruits de ses recherches de reconstructeur (dans tous les sens du terme puisqu’il restaure un château du treizième siècle dans les montagnes autrichiennes) alors que sa formation professionnelle n’est pas celle d’un archéologue.
Beaucoup de médiévistes en sont arrivés à l’étude du Moyen Age par les jeux de rôle et le fantastique. Ayant aujourd’hui entre trente et quarante ans, ils ont recherché les sources historiques des sagas qui avaient marqué leur adolescence (et que l’âge adulte ne leur fait pas renier) le cycle de la Terre du Milieu, Donjons et Dragons, das Schwarze Auge, les figurines Warhammer etc… Avant de pratiquer la reconstitution historique, nombreux sont ceux qui fréquentèrent les marchés médiévaux jusqu’à ce que cette qualité ne leur convienne plus, qu’ils aspirent à une plus grande exactitude et passent de la fantaisie au scientifique. Tel est le cas des deux tiers des groupes.

La période choisie correspond parfois à un goût préexistant, ainsi les adeptes du haut Moyen Age (douzième, treizième siècles) le décrivent ils en Allemagne comme une période de prospérité et de calme relatif, correspondant à une révolution agricole avec l’assolement triennal, l’évolution des outils, le collier d’épaule et joug frontal pour les bêtes de somme, l’avènement de l’art gothique. Les quinziémistes évoquent l’abondance de sources sûres, d’illustrations. Beaucoup ont également suivi des amis ou des parents. D’autres, ne pouvant se résoudre à choisir, s’investissent dans deux groupes différents. La reconstitution s’appuyant sur les découvertes archéologiques, les recherches historiques, les enluminures, elle dépend du moins pour ce qui est des paysans de la région, les modes et les régimes variant d’une province à l’autre.

Les organisateurs de manifestations médiévales

Les manifestations médiévales peuvent être organisées par différents types de structures. Lorsqu’elles suivent l’initiative de musées, elles font appel aux meilleures compagnies, dans l’optique d’apporter au public des connaissances complémentaires des expositions habituelles. Il s’agit le plus souvent de musées archéologiques, disposant d’un terrain propre à recevoir un campement ou proposant déjà des habitations reconstituées. Elles peuvent également être un regroupement interne, dans un terrain loué n’ayant pour seul rapport avec le Moyen Age que le cadre préservé qu’il propose, ces manifestations sont souvent fermées au public. Les organisateurs les plus classiques restent cependant les municipalités ou propriétaires de châteaux ou autres bâtiment médiévaux qui souhaitent faire connaître leur patrimoine, le mettre en valeur. On distingue alors deux buts, éducatif ou divertissant. Dans la plupart des cas, les deux sont mêlés pour plaire au plus large public.

Le dilemme des municipalités

J’eu la chance d’être reçue à Maulbronn par Monsieur Ulrich Hildner, adjoint au maire et responsable de la fête médiévale qui se tient dans les communs de l’ancienne abbaye cistercienne les 25 et 26 Juillet. Le but est de réunir toutes les associations du village en une fête fraternelle. Le Moyen Age a été choisi à cause de l’abbaye, classée patrimoine mondial de l’Unesco, et de l’exotisme temporel lié au Moyen Age. Cependant, ayant d’abord fait appel à des organisateurs de « marchés médiévaux », la municipalité à depuis peu décidé de confier la coordination de la fête à un groupe de quinziémistes sérieux sous la conduite d’Andréas Biolcatti. Le niveau tend donc à augmenter, cependant, les compromis sont inévitables : on ne peut forcer un village à adopter un costume précis, et si quelques directives restent acceptables, il est absolument impossible de contrôler le public si l’on autorise celui-ci à venir costumé. La fête doit donc choisir entre qualité et popularité. Monsieur semble avoir fait le bon choix en y invitant des troupes sérieuses, qui ne manqueront pas d’enseigner au public les techniques et les usages historiques alors que des commerçants de « marchés médiévaux » l’auraient maintenu dans l’erreur. Choix qui n’est pas gratuit puisque les commerçants payent pour venir sur une fête vendre leurs articles tandis que les organisateurs doivent payer aux compagnies le déplacement et la nourriture. Soit ils offrent leur public aux vendeurs, soit ils offrent une représentation historique à leur public.
Les villages ou petites villes semblent, en Allemagne comme en France, être d’avantage soucieux d’historicité que les grandes villes dont les fêtes médiévales ont acquis une solide réputation. Ainsi les tournois estivaux de Kaltenberg perdurent depuis des années comme le cauchemar des médiévistes, préférant entretenir sa clientèle bavaroise par de généreux plats de pommes de terre et saucisses au ketchup plutôt que de progresser vers un semblant de réalisme. Il est également regrettable que les participants ne se soucient souvent que d’un aspect de leur présentation. Ainsi les pâtissiers et cuisiniers proposant des plats traditionnels, pain d’épice où cuisine médiévale, sont-ils souvent vêtus d’un ignoble uniforme de Robin des Bois d’opérette, alors que leurs recherches dans leur domaine sont véritablement intéressantes.
Une alternative intéressante, proposée par la très belle ville de Bad Wimpfen pour conserver l’authenticité sans rebuter les participants par des règles trop strictes est le Zunftmarkt ou « marché des corporations ». On évite ainsi les vendeurs de dragons et elfes et tous les profiteurs habituels qui les suivent de prés (stands de maquillages, buvettes, magiciens etc…) en spécifiant le caractère instructif de la manifestation où les artisans sont invités à présenter leurs techniques et leurs histoires. Le costume, s’il ne correspond pas à une période rigoureusement délimitée, reste dans une certaine justesse de ton (au pire, de la part des exposants, en reprenant le folklore et le costume traditionnel). La clientèle de gothiques et néo paganistes est écartée par l’absence de spectacles ou commerçants de la veine des marchés médiévaux. Peu sont donc déguisés, tandis que des groupes dont l’authenticité n’est certes pas idéale, mais qui garantit cependant une base acceptable sont invités.
Les collectivités doivent donc souvent choisir entre la qualité et la quantité, entre la justesse historique et l’affluence touristique. Soit le patrimoine médiéval régional est connu d’un grand nombre de touristes de façon grossière ou erronée, soit moins de personnes en ont une meilleure connaissance. On retrouve le choix de groupes médiévistes qui sans cesse préfèrent l’authenticité au rendement. Cependant la différence n’est pas tranchée entre deux types distincts, et comme à Maulbronn, plusieurs intérêts cohabitent bien que la tendance générale soit à l’amélioration. Il reste donc préférable de se fier aux musées archéologiques et aux groupes eux-mêmes pour organiser des fêtes médiévales.

Deux structure originales : Düppel et Kanzach

Les deux musées de Düppel et Kanzach correspondent à un type assez répandu en Allemagne (peut-être aussi en France, mais je ne suis pas très au courant) : le musée vivant. Il s’agit souvent de présenter la reconstitution d’un environnement et de donner au public la possibilité de la découvrir de la manière la plus complète, souvent en participant aux activités que proposent les guides. On y découvre le monde rural, l’artisanat, ou encore certaines périodes historiques. Cependant, il serait très réducteur de n’y voir que des ateliers ludiques de vulgarisation, le musée de Düppel est ainsi devenu un centre reconnu d’archéologie expérimentale.

En 1940, à l’occasion de travaux, l’on trouva dans la périphérie de Berlin des vestiges archéologiques d’un village du treizième siècle. Les fouilles ayant été menées à bien, l’idée vint d’aller plus loin et de reconstruire le village comme il avait existé au treizième siècle. L’intérêt était d’abord d’ordre architectural, on avait en effet retrouvé de quoi reconstituer des habitations très modestes de deux types différents, germanique et slave. Le projet se développa et depuis plus de trente ans, une association de bénévoles sous la conduite d’archéologues dont le professeur mène des recherches sur la vie quotidienne des habitants de ce village. A l’aide de sources archéologiques ou historiques (textes et illustrations), on a pu y recréer un mode d’agriculture médiéval, avec des espèces florales et animalière rares de nos jours. L’élevage, l’entretien des troupeaux, les semailles, moissons etc… se font d’après les techniques utilisées dans cette région d’Allemagne au treizième siècle. De l’apiculture à la fabrique de goudron en passant par le filage et tissage de la laine, aucun aspect n’est oublié. Les membres de l’association permettent ainsi aux archéologues de soumettre leurs théories à l’épreuve du réel. On peut ainsi s’approcher le plus exactement possible de la vérité historique en concrétisant ce que l’historien n’aborde que sous un aspect historique. Peu à peu, le musée en est venu à pouvoir vêtir ses guides lors de l’ouverture au public de vêtements entièrement produits de façon médiévale, du fil de lin à l’étoffe grossière tissée. Les bénévoles choisissent une spécialité, artisanale, agricole, zoologique, pour développer leurs connaissances et faire vivre le musée : jardinage (selon le capitulaire de Charlemagne) et herboristerie, agriculture selon l’assolement triennal, traitement de la laine, filage, tissage du lin etc…
Le musée accueil quelques trois fois l’an les meilleurs groupes de Berlin et de toute l’Allemagne, pour de grandes fêtes. De nombreux membres de ces groupes oeuvrent également comme bénévoles à Düppel, comme les docteurs Ruth Hirschberg et Joachim Meinicke de Marca Brandeburgensis, Renate d’IG Wolf. Lors de ces manifestations, un premier jour est en général réservé aux médiévistes, tandis que le lendemain est ouvert au public, selon le mode de fonctionnement du musée lui-même, d’abord centre de recherche, puis lieu d’enseignement et de vulgarisation.
Souys la direction du professeur Dieter Todtenhaupt, archéologue célèbre en Europe par ses publications sur l'Allemagne médiévale, responsable du musée de Düppel, certains de membres sont devenus des autorités dans la recherche médiéviste, tels que Mme Betzold, créatrice des costumes et auteur d’ouvrages sur la cuisine médiévale, cependant, les vocations nouvelles se faisaient rares et la moyenne d’âge élevée rendait la pratique expérimentale de plus en plus lente. Heureusement, depuis quelques années, une équipe de jeunes passionnés tente de médiatiser ce projet peu connu du public et de redynamiser la recherche.
La Bachritterburg ou « château fort des Chevaliers du Ruisseau » ne correspond pas tout à fait au même type de reconstitution, son objectif est moins scientifique et d’avantage éducatif. Il s’agit de la reconstruction du château type de nobliaux de province de la fin du treizième siècle, à proximité du siège historique (mais que la situation sur une propriété privée rend archéologiquement inexploitable) des suzerains de Kanzach, hameau du Baden Wurtemberg, dans la commune de Riedlingen. Un corps de logis de bois, une ferme ses étables, un puit, une forge, un grenier à céréales ont été construits d’après de minutieuses recherches pour reproduire l’image la plus fidèle possible de ce que les hommes des treize et quatorzième siècle pouvaient apercevoir à quelques mètres de là. Le château n’a pas été construit, comme à Düppel, selon les techniques médiévales, de même, devant recevoir des visiteurs, certaines normes de sécurité ont dû être appliquée, telles que la présence d’extincteurs qui, bien que soigneusement dissimulés, témoignent de la différence de visée. On cherche plus ici à reconstruire un décor, une image. Les diverses installations (fours, cheminées, forge) sont tout à fait fonctionnelles, les pièces ont été meublées de reproductions d’objets trouvés dans la régions datant de l’époque de construction du château (celui qui se trouve à côté, encore sous terre).
Tout au long de l’année, des guides présentent au public la vie quotidienne de petits seigneurs au Moyen Age, selon des thèmes ou en général, des ateliers sont organisés pour les enfants des écoles qui s’y rendent de toute l’Allemagne : création d’objets du quotidien, découverte de l’enluminure ou de la calligraphie, de la gastronomie médiévale grâce à un jardin potager dans la cour. Toutes les deux semaines environ, une manifestation spéciale à lieu, conviant un groupe de reconstitution à rendre au château la vie qu’il aurait eu au Moyen Age. Ces groupes logent alors sur place, selon leur rang (seigneurs sur un matelas de plumes, dans une chambre privée, serviteurs, sur une paillasse dans la cuisine), usent des installations pour cuir leur pain, préparer leurs repas etc…
Ce projet a été lancé en 1997 par l’actuel maire de Kanzach, Rudolf Obert, les docteurs T. Mittelstrass et K. Banghard, et peut surprendre dans un village qui ne comporte ni poste ni boulangerie ! Cependant la lutte tenace de Mr Obert a porté ses fruits, bien qu’elle ne soit pas encore achevée. Le professeur Sven Hinrich Siemers, archéologue responsable de la Bachritterburg souhaite accroître l’authenticité du château, mais là encore, les compromis ne peuvent être évités. Ainsi il est difficile de retirer la gérance de la « taverne » au menu résolument moderne aux braves cuisinières du village pour la remplacer par un établissement plus « historiquement correct » qui éviterait de proposer des frites et des glaces au chocolat dans un château fort du treizième siècle. Comme partout, la popularité ne va pas de mise avec la qualité, mais le succès même du château tend à infirmer cette règle.

Conclusion

Les jours que j'ai passés en Allemagne, qui ne m'ont donné qu'une vision globale et superficielle de la reconstitution médiévale, m'ont cependant fait découvrir une façon nouvelle d'appréhender l'Histoire. Certes on ne peut la revivre, et malgré tout le dégoût que peut nous inspirer notre société actuelle, il faut bien nous y adapter. Reconstituer la vie au Moyen Age permet d'approfondir sa connaissance avec plaisir et rigueur: en un mois, soit cinq manifestations médiévales et de nombreux entretiens avec des médiévistes passionnés, j'ai appris, sans m'en rendre compte, autant qu'en une année de cours d'Histoire sans compter les artisanats que j'ai pu découvrir. Une connaissance objective et non idéalisée, qui ne m'a pas faite rêver à un âge d'or révolu, mais enrichie de savoirs que notre monde délaisse et qui peuvent permettre de retrouver une relation plus saine aux hommes, à la nature (par exemple l'herboristerie, l'amour du travail parfait quel que soit le temps nécessaire) tout en appréciant pleinement le confort de la modernité (après deux jours pieds nus dans les montagnes, même en été, on profite mieux du luxe de bonnes chaussures imperméables, et de l'eau chaude courante). Les gens enthousiastes que j'ai rencontrés m'ont donné envie de m'investir à mon tour dans la recherche historique, non seulement théorique mais à sa mise en application lors de reconstitutions. Mais surtout, je ne pense jamais oublier les techniques qui m'ont été (sommairement) expliquées: la forge, le travail du bois, du cuir, le tressage de cordes, le tissage, le filage, la cuisine traditionnelle. Ces trésors sont plus précieux que tout souvenir matériel on aide plus un homme en lui apprenant à pêcher qu'en lui offrant un poisson, et je ne désire plus que les cultiver pour pouvoir créer à mon tour, et offrir à d'autres ce que j'ai reçu.

Appendice 1 : le costume

C’est le premier pas dans la reconstitution, la seule condition obligatoire, pour entrer dans un groupe, en plus de sa passion. Il est présenté et expliqué au public lors des manifestations.
Le costume le plus humble et à la fois le plus précieux qu’il m’a été donné de porter fut celui du musée archéologique de Düppel : la cotte de lin épais d’une paysanne du treizième siècle. De la robe non teinte à la ceinture de laine colorée, tissée au moyen de planchettes que l’on tourne, en passant par l’aumônière de lin, le linge me servant de coiffe, les chaussettes en laine, dans une sorte de tricot plus résistant et grossier que la normale et les socques de bois, tout avait été réalisé à la main et selon les techniques médiévales, de la tonte des moutons, de la récolte du lin aux coutures. Les paysans avaient accès à la laine et au lin, aux fourrures et au cuir, leurs vêtements n’étaient pas teints en règle générale, sauf pour les plus riches.
A la même époque, bourgeoises et marchandes portent une longe chemise de lin blanc, aux manches étroites, invisible sous une cotte de laine reprenant la même forme en un peu plus long, teinte de couleurs discrètes, brun (teinture à base de marrons), ocre (oignon), bleu (osier) vert. Les manches peuvent s’enlever par grande chaleur et se nouer dans le dos. Une fine ceinture de cuir, renforcée de métal ceint leur taille, aumônière brodée ou non, couteau, clefs y sont attachés. Leurs cheveux nattés sont couverts de la coiffe régionale ou d’un simple foulard de lin. Les plus riches et les nobles préfèrent les couleurs plus crues, doublent leurs cottes, y ajoutent un surcot sans manches. Leurs ceintures sont serties de métal ouvragé, leurs aumônières brodées. Les chaussures sont de cuir, pour ne pas les user, on les glisse dans des socques de bois.

Au quinzième siècle, les manches de la cotte se raccourcissent et ne couvrent plus que les épaules, laissant la chemise apparaître, un laçage parcours le buste, de l’encolure au nombril

Cet extrait du site de la Compagnie de Saint Georges montre quel soin est attaché au costume par les groupes les plus rigoureux (laissée comme je l'ai trouvée sur le net, fautes d'orthographe comprises.)
Vêtements & équipement de la Compagnie St Georges
Le but de notre Compagnie a toujours été d’être le plus réaliste et le plus crédible possible, pour ne pas ressembler à des «acteurs en costume», mais à un petit groupe homogène issu d’une même couche de la société et de la même région, dans leurs habits de tous les jours. Une petite touche de «mode étrangère» est acceptable, comme cela eu certainement été le cas dans une compagnie composée de plusieurs nationalités et ayant passablement voyagé au cours de dures campagnes. Une distribution annuelle de tissus de livrées ne serait pas à exclure et pourrait apporter un peu plus d’uniformité. En fait, il ne serait pas irréaliste que toute la Compagnie soit habillée plus ou moins uniformément.(1). Chaque membre devrait se procurer:
Pour les hommes Coiffure La tête doit être toujours couverte. Eviter les styles extravagants! Chemise En lin (écru).Vous devriez en posséder au moins deux. Braies Sous-vêtements en lin. Tous les membres (masculins) devraient en porter ou ne pas en mettre du tout! Doublet En laine, avec des manches longues.Doit être attaché aux chausses par des aiguillettes.Les doublets sans manches (pourpoints avec de larges ouvertures pour les bras comme les gilets modernes-) ne peuvent être portés que sous une «jaques» ou par ceux qui en possèdent. Veste Une veste de soldat en laine rouge (nous pouvons fournir le tissu et le patron). C’est la livrée de la Compagnie.
Manteau (2) De préférence rouge ou brun rouge, avec un capuchon (très pratique par temps froid). Capuchon De préférence moitié rouge, moitié blanc (écru).
Pour les femmes

Coiffure En lin écru. Voir les différents styles avec les responsables de la Compagnie.
Chemise De préférence deux, longues, en lin blanc écru. Pas de cordon à l’encolure et aux manches.
Robe En laine. Doivent être à manches courtes, avec les manches principales épinglées ou attachées par des aiguillettes, légères, près du corps et très évasées vers le bas.
Sur-robe En laine, avec manches longues, idéale pour l’hiver.
Bas En laine ou en lin.Les bas tricotés modernes sont à proscrire.
Pour les enfants Les enfants portent de simples tuniques, jusqu’à ce qu’ils aient l’âge de porter des vêtements d’adultes et de faire leur part de travail au sein du camp. Les parents devront y veiller.
Pour tous

Chaussures Les membres portent celles qu’ils ont, mais à l’avenir ils devraient tous acquérir des chaussures solides, et dont la forme est approuvée par la Compagnie; pas de semelles plastiques!
Ceintures Une ceinture étroite, pourvue d’une boucle du XVe siècle correcte.
Bourse Portez une petite bourse, simple, avec un minimum de contenu du XVe siècle: peigne, pièces de monnaie, mouchoir etc. Réfléchissez à ce dont vous avez réellement besoin.
Couteau Il vous faut un petit couteau «tout usage» dans un étui ou dans votre bourse. Evitez de suspendre gobelets, cuillères, ciseaux ou autre matériel hétéroclite à votre ceinture! Couverts Les cuillères, coupes, bols ou assiette doivent être de style XVe siècle (pas de saladiers en bois africain s.v.p!) et transportés dans une petite sacoche de toile ou de cuir. Cape Pas essentielle mais très utile pour dormir dehors. Doit être en laine et le plus ample possible.
Nécessaire de couchage Des couvertures, des draps et un sac de toile suffisamment large pour servir de sac de couchage, ou pour être rempli de paille et servir de matelas.
Dormir Les gens dorment nus ou en chemise; pas d’habits de nuit modernes.
Armure Durant leur première année comme «vétérans», les soldats doivent acquérir un casque et au moins une simple jaque, à défaut d’une cuirasse ou d’une brigandine.
Armes Une simple dague ou une épée est un minimum. Personne n'est autorisé à porter une épée longue, une hallebarde, un arc ou une arquebuse, sans qu'il n'ait été entraîné à son maniement.
Propreté Tout le monde est autorisé à emporter une petite trousse de nécessaire de toilette (moderne). Il faudrait rapidement faire l’acquisition d’un nécessaire de toilette «médiéval» et d’une serviette en lin. Livrées Elles sont fournies par la Compagnie et ne sont portées que par les membres actifs qui suivent régulièrement l’entraînement militaire.
Badges Les badges de la Compagnie ne doivent êtres portés que par les membres! (Ne porter sur les vestes de la Compagnie que les écussons métalliques de la COSG). Les badges en tissus de la COSG peuvent êtres cousus sur les capes, les manteaux etc. Aucun autre badge ne doit être porté, si ce n’est les badges de pèlerinages.
Badges de pèlerinages Les badges de pèlerinages ne peuvent être portés que par ceux qui les ont accompli ou qui ont assisté à la messe sur place.
Couleurs Evitez les couleurs trop vives, et restez autant que possible dans les rouges et bruns. Le rouge est la couleur de la Compagnie.

Les vêtements princiers réalisés par certaines compagnies n’en sont pas moins brodés et cousus entièrement à la main. Steffi Winhard a fait de sa passion son métier et réalise les vêtements les plus authentiques. Son mariage avec Claus est d’ailleurs bien connu de la scène médiéviste : ils organisèrent une cérémonie entièrement A, et Steffi cousu elle-même les toilettes de ses invités (des non médiévistes tout au moins). Cantiques, plats, tables et tréteaux, lunettes, couverts… tout avait été fabriqué artisanalement. Le résultat fut somptueux.

La préparation de la laine
Après avoir été tondue, la laine est lavée pour être débarrassée de la graisse, puis cardée à l’aide de chardons et brossée, elle est alors prête à être filée à la quenouille
Les fils sont alors tissés, soit à grande échelle sur un métier, soit en de fins galons avec le technique des planchettes
Enfin, les plus larges pièces peuvent être teintes

Brève chronologie

Quelques repères dans le Moyen Age allemand

En 843, avec le Traité de Verdun, l’empire carolingien est divisé en trois royaumes :
_ la Francie occidentale de Charles le Chauve, fondations du royaume de France
_ la Francie médiane de Lothaire I
_ la Francie occidentale de Louis le Germanique, qui deviendra la Germanie

La Germanie comprend cinq duchés : La Souabe (Baden Wurtemberg), la Franconie (nord de la Bavière, région de Nuremberg), la Bavière, la Lotharingie et la Saxe, centre du royaume.

Othon I, fils d’Henri l’Oiseleur et de Sainte Mathilde est couronné empereur à Rome en 962 et fonde l’Empire Romain Germanique, comprenant outre la Germanie, les royaumes d’Italie et de bourgogne.
La première dynastie d’empereurs est donc celle des Ottoniens, dont les résidences impériales se trouvent en Saxe, jusqu’en 1024. Celle des Saliens lui succède de 1024 à 1125. Leur suzeraineté est reconnue par le Danemark, la Hongrie, la Pologne (qui leur sont donc soumis) puis par l’Angleterre. Ils reçoivent en outre des tributs d’orient, dont Chypre et Byzance. L’empire est extrêmement puissant en Europe et très centralisé.

La dynastie des Staufen est surtout célèbre du fait de Frédéric I Barberousse, qui s’opposa souvent au pape et étendit considérablement le pouvoir de l’Empire. C’est dans le cadre de son expédition en Terre Sainte que se situe IG Wolf .Les rivalités entre Pape et Empereur furent réglées par le Concordat de Worms. L’Empire y devient « saint », c’est le Sacrum Romanorum Imperium Nationis Germanicae.

Le sens du mot « prince » (Fürst) évolue jusqu’au treizième siècle, et leur statut également. Désignant autrefois tous les seigneurs, il ne s’appliquera plus qu’à ceux qui tiennent directement leur pouvoir du roi et se considèrent comme de petits souverains. Ainsi, après la mort de Fréderic II, la politique impériale s’effondre et laisse place à un courant général d’acquisition d’une autonomie de plus en plus grande de la part des villes et des Etats. Jusqu’aux Habsbourgs en 1438, aucune dynastie ne sera aussi célèbre et puissante que les Ottoniens, les Saliens et les Staufen.

Le bas Moyen Age voit prospérer les Etats indépendants, s’accroître le rayonnement de cours régionales qui développent leurs particularités. C’est pourquoi de nombreux groupes ont choisi de représenter cette période, qui laisse une grande place à la diversité régionale. D’un côté les princes étendent leurs droits, s’emparent des droits régaliens, de l’autre ils dépouillent leurs propres vassaux de leurs compétence. Ainsi, après avoir connu un grand essor, la noblesse ministérielle (que représente Familia Ministerialis) est remplacée par des intendants, financiers ou juristes, plus dociles et révocables.
Le quatorzième siècle voit aussi s’étendre le pouvoir des Princes Electeurs, au nombre de sept : _ Archevêque de Cologne
_ Archevêque de Trèves
_ Archevêque de Mayence
_ Duc de Saxe
_ Roi de Bohème
_ Margrave de Brandebourg
_ Comte palatin du Rhin
dont les privilèges sont assurés par la Bulle d’Or en 1356 et qui oeuvrent à faire prospérer leur principauté.

L’Empire est donc devenu une confédération d’Etats princier dont le roi n’est réellement souverain que de son propre patrimoine familial. De plus en plus de villes acquièrent leur indépendance, enrichies par le commerce, elles s’octroient des droits juridiques importants, prélèvent les impôts, décident des taxes, assurent l’assistance publique, l’éducation, imposent à tous le service militaire. Elles se donnent un conseil et un maire, d’abord noble puis bourgeois et s’organisent parfois en de minuscules états républicains. Les plus puissantes sont les villes hanséatiques, Nuremberg (voir Nürnberger Aufgebot) Ulm, Francfort, Rothenburg, Strasbourg.

Remerciements

Dans l’ordre chronologique, je tiens à remercier :
_ mes parents qui m’ont laissée partir
_ la fondation Zellidja qui m’a permit de réaliser ce voyage

_ La taverne médiévale, qui m’a introduit dans le monde médiéviste
_ Les Forges de la Brume, à l’accueil si sympathique, aux conseils si précieux
_ L'Ost du Dauphin, qui les premiers, m'ont parlé de la Compagnie de Saint Georges lors des fêtes johanniques d’Orléans
_ tous les membres de La Compagnie de Saint Georges qui m’ont guidé vers les meilleurs compagnies allemandes, en particulier Christian Follini, Mathieu Harlaut, Dietrich Pott
_ Dirk Jerusalem qui m’a conseillé de me rendre à Kanzach et à Düppel

_ 1474 Nürnberger Aufgebot, son chef Harald Maussner et Anno 1476 Städtisches Aufgebot, son chef Kai Vahnenbruck
_ Historia Vivens 1300 et la famille Bichler (Andréas, Karine, Lukas)
_ Le professeur Siemers du Bachritterburg à Kanzach et tous les guides
_ Le Museumsdorf Düppel ainsi que les groupes Marca Brandeburgensis, Familia Ministerialis, et les membres de l’équipe de bénévoles : Mme Roswitha Betzold et Christiane
_ Tempora Nostra, Gabrielle et David Klostermann, Circa 1310, Lisa et Manfred Wolber
_ IG Wolf et son chef Andréas Kuhnert
qui m’ont accueilli parmi eux

_ Sabine Thomas et ses parents
_ la famille Rieger
_ Roman Gerhardt
_ la famille Stannek
_ la famille Winhard
_ Sonja Natus
qui m’ont hébergé avec une immense générosité

Mr Obert de Kanzach et Mr Hildner de Maulbronn

Je n’oublie pas tous ceux que j’ai rencontré lors des manifestations et qui m’ont fait part de leur passion pour le Moyen Age : Rita, Anche, Rainer, Lena, Ulrich, Karine, Katharina, Oliver, Olaf, David, Suse, Conrad, Ruth, Joachim, Sonja, Nichole, Karsten, Carsten, Sascha, Michela et Ricardo

Et la mystérieuse Dame de Cobourg ainsi que l’Eldar errant de la DB.

2 Comments:

Blogger Perline said...

Merci beaucoup. La reconstitution française que je connais correspond bien à ce que vous expliquez de la reconstitution allemande. je vais pouvoir enfin citer un article pour présenter ma passion sans que celui ci soit entaché d'a priori que ce soit d'un coté ou de l'autre. bravo pour cet article objectif

3:30 PM  
Anonymous Altharien/ Yaqut Al Ajdal said...

Altharien/ Yaqut Al Ajdal

Même constatation. C'est assez agréable de lire quelque chose comme ça, à l'image de ce que nous faisons : pas une idéalisation, ni un grand n'importe quoi, et je me ferais un plaisir de le citer aussi !

4:16 PM  

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